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SEMAINE SPECIALE CDL : Olivier Sorin

Olivier Sorin, gardien des cages tout au long de l'épopée de la Coupe de la Ligue, revient avec nous sur le parcours de l'équipe. Il n'a encaissé qu'un seul but... Celui de Marama Vahirua, en finale. 


Comment vas-tu ? Que deviens-tu ?

 Ça va bien, merci. Je suis entraîneur des gardiens à Rennes.  

 

Ces 15 années passées, que t’inspirent-elles ?  

C'est compliqué de répondre à cette question parce que moi, je suis parti de Nancy après la Coupe de la Ligue au mois de décembre. À partir du moment où tu passes plus de 10 ans dans un club, tu y es forcément attaché. Donc j’ai toujours suivi les résultats de Nancy. C’est un club qui a une part importante dans mon cœur et dans mon esprit de footballeur. Ces 15 dernières années, il y a eu des hauts et des bas comme dans beaucoup de clubs. Mais les derniers mois me font penser que l’AS Nancy Lorraine est entrée dans un nouveau cycle avec le départ du président Rousselot. J’espère que ce nouveau cycle amènera des jours bien meilleurs que ces dernières saisons.  

 

Quel(s) souvenir(s) gardes-tu de l’épopée en Coupe de la Ligue ?  

C’est une épopée qui a fait connaître l’équipe, les joueurs, d’un point de vue national. C’est vrai que l’année précédente, on avait gagné le championnat de Ligue 2. Mais on sait très bien qu’à part des nancéiens, personne ne regardait nos matchs. Alors en enchaînant le trophée de L2 et la Coupe de la Ligue, les gens se sont aperçus qu’on était là. Qu’on était une équipe qui dégageait un état d’esprit remarquable. Cette équipe, c’était une bande de copains qui adoraient jouer ensemble. Qui étaient toujours là les uns pour les autres, les uns avec les autres. Moi, c’est surtout ça qui me marque, sur cette Coupe. On a eu de tels résultats parce qu’on travaillait beaucoup, évidemment, on avait du talent, mais c’est surtout notre état d’esprit qui a primé.

 

En finale, tu encaisses le but de Marama, une frappe “iréelle” comme l’a qualifié Mathieu Barbier. Tu n’avais pas eu d’arrêt à faire jusque-là, qu’est-ce-que tu as ressenti ?  

Effectivement, je n’avais pas eu beaucoup d’arrêts à faire, on gérait bien le match. Le but est intervenu tout de suite après la mi-temps mais on a bien réagi, on était bien en place. On ne s’est pas affolés. Le coach, Pablo, avait mis un plan de jeu qui était bien défini, qui avait été travaillé pendant plusieurs jours. Et avec ce plan, on savait qu’on était capables de rivaliser avec les individualités très fortes de Nice. Nous, on avait un collectif puissant. On dégageait beaucoup de force. L’envie de ramener ce titre à Nancy, c’est ce qui, pour moi, a fait la différence.  

En définitive, ce but ne m’a pas inquiété plus que ça. Comme le match en fait. J’étais confiant.  

 

D’ailleurs, durant votre parcours en CDL, tu n’encaisses qu’un seul but et c’est celui-ci. Est-ce une fierté pour toi ?

C’était une fierté évidemment pour l’équipe et aussi pour moi. J’étais gardien numéro 2 et Pablo m’avait donné les matchs de Coupe ! Et le fait que l’équipe ne soit pas tout à fait la même qu’en championnat, ça a montré que quels que soient les schémas proposés, c’était très difficile pour nos adversaires de marquer des buts. C’est aussi ce qui a fait notre force tout au long de la saison. On avait certes mal entamé avec 4 défaites mais après, on était revenus à des valeurs défensives qui avaient fait notre force. C’est ce qui nous a amené à ce parcours en Coupe de la Ligue. Mais aussi ce qui nous a amené l’année suivante en Coupe de l’UEFA. Et deux ans après, c’est ce qui a amené Nancy à terminer 4e du championnat de Ligue 1.  

 

Juste après le but de Kim, on te voit sur les images montrer ta tête du doigt en regardant l'équipe.  Qu’est-ce que tu leur a dit exactement ?

J’avais cette habitude à chaque fois qu’on marquait un but. En fait, à chaque fois qu’une équipe marque, il y a un côté euphorique qui peut sortir l’équipe du match pendant quelques instants. Et que ce soit là, en finale, ou pour d’autres matchs, j’essayais toujours de re-concentrer les troupes. Genna faisait la même chose. On avait ce rôle-là, nous, gardiens, de dire : « Ok les mecs, on a marqué. Mais dès l’engagement, il faut rester concentrés pour ne pas se faire punir». Dans le foot, les instants les plus fragiles, que ce soit pour une équipe qui marque ou pour une équipe qui encaisse, ce sont les 5-10 minutes après un but. Il y a toujours des moments de déconcentration. Donc à ce moment-là, je les recadre. On n’était plus que 10 sur le terrain, il allait rester beaucoup de temps durs et on risquait de souffrir. Mais il fallait tenir. On a tenu.  

 

Qu’as-tu ressenti au coup de sifflet final ?  

C’était un titre majeur, la Coupe de la Ligue. Nous, on était Nancy. Pas un des cadors du championnat. C’était le 2e trophée du club. Alors on s’est dit, « ça y est, on a réussi. ». Il y a eu énormément de soulagement. Dans ma tête, c’était un élan et un mélange de sentiments. Parce que comme je l’ai dit, j’étais gardien numéro 2 et le fait que le coach Pablo m’ait laissé titulaire pendant la finale – j'estime que c’était normal – c'était quelque chose de fort. Il a eu du culot. A l’époque, tout le monde pensait qu’il fallait aligner la meilleure équipe et donc qu’il fallait mettre Gennaro dans les cages. Alors au coup de sifflet final, oui, il y a eu beaucoup de sentiments qui se sont mélangés. On ne partait pas favoris, pourtant, on a réussi. On savait qu’on était en train de faire quelque chose de grandiose... Et ça s’est confirmé !  

Le lendemain de la finale, je me souviens encore des mots de Pablo : « Messieurs, ce que vous avez fait hier... Vous, et tout le monde, les nancéiens s’en souviendront. Dans 10, 15, 20, 30 ans. ». Et il ne s’est pas trompé. On était nombreux à se revoir pour les 10 ans à Marcel Picot, et on se souvenait tous de ses paroles. Et encore une fois, la preuve, cette année, ça fait 15 ans. Et toi, tu m’appelles pour parler de ça. Pablo avait raison. Le titre de 2006 pour Nancy, c’était exceptionnel.  

 

Cette saison-là, c’est Genna qui garde les cages en championnat et toi en Coupe. As-tu eu peur qu’à un moment du parcours en Coupe, Pablo décide de mettre Genna dans les cages ?

Non, parce que comme je l’ai dit, il a eu du culot. Après la demi-finale, le lendemain, il m’a conforté. Il me l’avait déjà dit, il me l’a redit : « La finale est pour toi ». J’aurais pu tomber sur un entraîneur qui voit les choses différemment. Mais Pablo avait dit, « Tu as commencé, tu termines ». Moi, pour ça, je lui suis extrêmement reconnaissant.  

 

En quoi cette victoire en CDL a impacté la suite de ta carrière ?  

Le mercato qui a suivi la Coupe de la Ligue a été mouvementé. Des clubs de Ligue 2 voulaient que je les rejoigne. Il y avait donc une certaine reconnaissance de ma personne. La victoire en Coupe de la Ligue a mis un coup de projecteur sur ma carrière. Forcément, quand un gardien numéro 2 gagne une coupe nationale, ça interpelle... C’est ce qu’il s’est passé. Je suis parti de Nancy en décembre, quelques mois après la coupe. J'ai signé à Auxerre. Mais avant de partir, j’ai pu jouer une dizaine de matchs en championnat, et j’ai pu jouer la coupe de l'UEFA. C’était exceptionnel.

Avec Monsef (Zerka) vous vous connaissez depuis l’enfance. Qu’est-ce que ça fait de gagner une Coupe avec celui que tu considères comme un frère ?  

Forcément, gagner un trophée avec quelqu’un de sa famille, c’est génial. Avec Monsef, on se connaît depuis Orléans. On était enfants. On a partagé des moments à Orléans, ensemble, et ensuite on est partis à Nancy. Le soir de la finale, c’est lui qui marque le premier but. Il avait fait une saison de malade. J’étais fier. Je me souviens qu’après la finale, on est allés voir mes parents, puis les siens. C’était trop bon. On sera toujours là l’un pour l’autre.  

 

As-tu des anecdotes à nous partager sur le parcours en Coupe de la Ligue, des histoires rigolotes entre vous, ou bien sur la saison ?

Quand on est partis en mise au vert avant la finale, c’était vraiment une colonie de vacances. On jouait au billard, au ping-pong, à la pétanque. On n’a pas arrêté. Pendant ces quelques jours, on a vécu comme une famille. Et notre force, c’était ça. C’est ce qui nous a permis de vivre la finale, concentrés et sereins. On savait pourquoi on était là, on savait ce qu’on avait à faire. On savait qu’on avait les moyens de faire quelque chose de grand. Et on était bien. Toutes les valeurs qui ont représenté le groupe tout au long de la saison, on les a mises pendant ces 90 minutes.  

 

Il paraît que tu avais un petit carnet où tu notais certaines fautes de français de tes coéquipiers...

Ah oui ! [rires]. Je l’ai encore ce cahier. Des phrases, j’en ai à la pelle, mais je ne vais pas balancer les noms... [rires]. Je me souviens, une fois, de la Une de l’Equipe. Il y avait écrit « Pataquès à l’OM ! » et un des joueurs ne comprenait pas, il a dit « Mais qui c’est ce Pataquès »...

Un sacré personnage ce Pascal Berenguer....

Comment ça ? Tu sais que c’est lui ? Il s’est balancé tout seul ?! [rires] Ah, je ne pensais pas qu’il assumerait ça... Qu’est-ce qu’on avait rigolé !  

Une autre fois, on cherchait où était située une ville en France parce qu’on allait y jouer. Il y a quelqu’un qui a sorti « Moi, j’étais bon en histoire, mais en géométrie, moyen », elle était pas mal aussi celle-ci... Et puis encore une autre fois, quelqu’un a demandé l’heure. On lui avait répondu « fifty three » ; « Ah, il est 33 ! » ; « Non... » ; « Ah oui pardon, il est 43 ! » ; « Toujours pas... ». Voilà, ce sont de petites anecdotes comme ça, avec ce carnet...  

Et une dernière, c’est que cette année-là on avait beaucoup d’entraînements avec le « toro ». Un jour, on a décidé de mettre des règles en place et de compter les points. Les joueurs qui prenaient des petits ponts prenaient 6 points, etc... Et on a cumulé les points, on les notait dans un carnet. Celui qui avait le plus de points à la fin de saison devait payer un resto’ aux autres. Et le perdant l’a fait, il nous a invité. On avait passé un super moment.  

On avait beau être d’âges différents, d’horizons différents, on était tous dans le même délire. On travaillait énormément. On avait beaucoup de valeurs. Et tout ça, ça a pu être mis en perspective grâce à notre état d’esprit remarquable. A chaque fois qu’on me dit Nancy, 2006, la première chose qui me vient c’est ça. L’état d’esprit.  


Merci Olivier pour tes réponses, ton temps, et ton immense sympathie. 

© Juliette Schang  



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